languageالعربية

Accusé de harcèlement sexuel, un Saoudien condamné à 'l'opprobre'


Un tribunal saoudien a ordonné, "pour la première fois" cette semaine, la publication dans la presse du nom d'un homme condamné pour harcèlement sexuel. Une nouvelle peine conçue comme plus dissuasive dans ce royaume conservateur où le sujet reste extrêmement tabou.

L'Arabie saoudite ne pénalise le harcèlement sexuel que depuis 2018, dans un contexte de réformes sociales portées par le prince héritier Mohammed ben Salmane et destinées à améliorer l'image austère de la riche monarchie pétrolière du Golfe.

"Un tribunal saoudien a condamné à l'opprobre, par la publication du nom, un citoyen accusé de harcèlement sexuel, la première décision judiciaire du genre dans le royaume", a annoncé lundi la télévision d'Etat El-Ekhbariya.

Selon cette dernière, il s'agit de la première application d'une nouvelle peine ajoutée en 2021 à la loi de mai 2018, qui punit le harcèlement sexuel jusqu'à cinq ans d'emprisonnement (hors circonstances aggravantes) et d'une amende équivalente à environ à 70.000 euros.

Le jugement rendu par un tribunal de la ville de Médine, un des lieux saints de l'islam, comprend également des peines de huit mois d'emprisonnement et d'amende d'environ 1.200 euros à l'encontre du condamné Yasser Muslim al-Arawi, selon le journal local privé Okaz.

Le citoyen saoudien a été condamné pour avoir "touché par derrière, agressé verbalement et importuné" la victime, a-t-il précisé.

La nouvelle peine consiste à publier le texte de la condamnation judiciaire dans la presse locale, compte tenu de "la gravité du crime et de son impact sur la société", selon El-Ekhbariya.

Cette pratique est parfois appliquée dans certaines affaires en Arabie saoudite et d'autres riches pays du Golfe, où le risque d'amende est considéré comme non suffisamment dissuasif à l'encontre d'hommes fortunés.

Dans une autre affaire, six hommes saoudiens avaient été arrêtés en août 2021 pour avoir harcelé une touriste étrangère dans la capitale Ryad.

Depuis que le prince Mohammed est devenu le dirigeant de facto du pays en 2017, les Saoudiennes ont obtenu de nouveaux droits dont celui de conduire, de voyager seules ou d'assister à des divertissements au côté des hommes, ce qui leur était autrefois interdit.

Si ces réformes ont été saluées par une partie de la population et les ONG internationales, ces dernières dénoncent régulièrement la répression féroce des critiques du gouvernement, et notamment de plusieurs militantes féministes emprisonnées ou inquiétées par les autorités.

AFP